Do you speak « Frenglish » ? Finissons-en de tout finaliser !
« Pétrole: les pays du G20 s’efforcent de finaliser un accord sur une baisse de l’offre »
Le Monde
Journal
« Sous l’effet de la pandémie, le projet finalisé de « taxe GAFA » mondiale est repoussé en octobre »
Le Monde
Journal
« L’ONU exhorte les parties libyennes à finaliser un cessez-le-feu »
Le Monde
Journal
Le verbe « finaliser », accompagné de son substantif dérivé « finalisation », s’est infiltré dans tous les discours, jusqu’aux échanges de notre vie quotidienne, alors que son usage était autrefois presque exclusivement réservé aux domaines de la philosophie et de la théologie, dans le sens d’« assigner un but à quelque chose » (Trésor de la langue française : https://www.cnrtl.fr/definition/finaliser/verbe). Finaliser une action, c’est donc lui donner un but ou un sens, c’est l’élever à un rang qui transcende les simples habitudes inconscientes ou inconsidérées.
Ce verbe s’est toutefois répandu hors de son domaine d’origine sous l’influence du mot anglais « to finalize », qui signifie bel et bien « terminer, achever ». En français pourtant, quel besoin de parsemer tous nos écrits de cet anglicisme ? Les autres options qui s’offrent à nous pour exprimer le sens véhiculé par le verbe anglais sont déjà très nombreuses et comportent des nuances susceptibles d’enrichir notre propos en nous permettant de préciser notre pensée. Faisons-en usage et n’en rajoutons pas une de plus qui ne nous apporte aucun élément de sens supplémentaire !
Au lieu de finaliser un projet, pourquoi ne pas l’achever, ou le mener à bien, à bout, ou à terme ?
Au lieu de finaliser un travail, ne pouvons-nous pas le terminer ou le finir, voire en venir à bout s’il nous a vraiment donné du fil à retordre ?
Au lieu de finaliser un accord ou un cessez-le-feu, ne préférerons-nous pas le conclure ou en convenir ?
Au lieu de finaliser la rédaction du rapport, ne suffit-il pas d’y mettre un point final ou d’y mettre la dernière main ?
Au lieu de finaliser votre thèse pour y ajouter des éléments manquants, ne vaudrait-il pas mieux la compléter ?
Et s’il importe qu’elle soit parfaite, alors qui nous empêchera de la parfaire ou, dans un registre plus familier, de la peaufiner ?
Enfin, si nous souhaitons finaliser une œuvre dans ses moindres détails, avec force soin et minutie, parachevons-la ou, si nous pouvons nous contenter d’une expression familière, fignolons-là.