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Trois bonnes pratiques fondamentales pour bien entamer sa carrière de traducteur

Sommaire

Vous entamez bientôt un stage en traduction et vous demandez comment montrer à votre employeur que vous êtes fiable et professionnel ?

Vous venez de décrocher un premier emploi en traduction et espérez bâtir une relation de confiance avec votre employeur dès le départ ?

Vous vous lancez en tant que traducteur indépendant juste après vos études et souhaitez prouver rapidement que vous êtes un partenaire fiable et compétent ?

Cet article vous donnera peut-être des clés pour vous orienter au début de votre carrière, notamment pour adopter d’emblée les attitudes ou bonnes pratiques qui exercent sans doute la plus grande influence sur l’image que vos employeurs se font de vous. Les attitudes présentées vous permettront de mettre en avant vos compétences et de prouver votre fiabilité et votre professionnalisme afin d’établir une relation de travail à long terme avec votre employeur ou d’obtenir une excellente lettre de recommandation de sa part.

Les trois attitudes mises en avant dans cet article reflètent ma propre vision de l’importance qui devrait être accordée à chaque bonne pratique, fondée en grande partie sur mon expérience et les remarques de mes anciens employeurs. C’est à ces trois attitudes que j’attribue le fait d’avoir pu continuer à collaborer avec chacun de mes (trois) anciens employeurs lorsque je me suis lancée en tant que traductrice indépendante.

Cependant, pour confirmer ma liste, j’ai aussi demandé leur avis sur la question à d’autres traducteurs qui ont eu une expérience en tant que formateurs ou recruteurs. Et les trois points recensés ont tous été mentionnés comme particulièrement importants par au moins l’un d’entre eux. Les priorités que j’ai dégagées revêtent donc sans doute un caractère général qui constitue une base solide. Par souci d’exhaustivité, j’ai aussi ajouté à la fin de l’article les autres bonnes pratiques relevées par les traducteurs qui m’ont fait part de leurs propres observations.

https://www.youtube.com/watch?v=R2aGrPnIZ28

J’en profite pour remercier les quatre traducteurs qui ont contribué à cet article :

Sans plus attendre, voici les trois attitudes et bonnes pratiques essentielles pour établir une relation de confiance avec vos employeurs et collègues dès le début de votre carrière.

Concentrez-vous d’abord sur la qualité, la productivité viendra ensuite

Vu et revu ? Peut-être, mais compte tenu de la pression croissante des délais dans le monde de la traduction, il vaut probablement la peine de le répéter, tant c’est un principe essentiel.

Lorsque vous débutez, rien ne sert de vous précipiter pour tenter d’atteindre les objectifs de productivité fixés pour des traducteurs plus expérimentés. Aucun (bon) employeur ou réviseur ne peut espérer que vous produisiez des traductions à un rythme effréné en début de carrière.

Vos premiers employeurs s’attendent surtout à ce que vous fassiez l’effort d’apprendre, c’est-à-dire de découvrir les domaines de spécialité de l’organisation ou de la société pour laquelle vous travaillez, en effectuant les recherches nécessaires et en vous imprégnant de la terminologie, de dégager les enjeux et les écueils des différents genres de textes que vous serez amené à traduire, d’analyser les attentes des clients et de respecter les normes de rédaction maison.

Lorsque vous prenez le temps d’effectuer une vérification approfondie pour livrer une traduction solide à votre réviseur, vous lui facilitez la tâche en lui épargnant le besoin d’entreprendre une lourde opération chirurgicale sur votre texte. Au fil du temps, il saura qu’il pourra compter sur vos recherches, sur votre respect des règles internes et sur votre souci du détail.

Alors que si vous bâclez vos traductions, si vous omettez une étape de révision pour essayer de vous rapprocher de l’idéal de productivité – supposé ou explicite – et transmettre votre texte à votre réviseur au plus vite, celui-ci devra sans doute redoubler d’efforts pour vérifier votre travail et tailler plus en profondeur dans votre texte. En faisant cela, vous vous portez préjudice tout seul.

Rien ne sert de courir. Si la qualité n’est pas au rendez-vous, la confiance et la fiabilité ne peuvent éclore.

Échafaudez d’abord une base solide en affinant vos compétences et en vous concentrant sur la cohérence textuelle, les recherches, la terminologie et l’analyse du contexte. Une fois que vous avez établi un socle robuste et acquis les connaissances nécessaires sur le domaine, vous pouvez commencer à manipuler vos systèmes et vos pratiques pour améliorer votre productivité.

Posez des questions

J’avais déjà mis le doigt sur ce point lorsque j’avais dressé mon ébauche de liste de bonnes pratiques, mais deux des traducteurs qui m’ont donné leur avis ont également souligné cet aspect. C’est dire s’il est important !

Vos réviseurs et votre employeur savent que vous ne pouvez pas tout savoir, ils sont conscients que vous êtes en début de carrière et que vous avez beaucoup de choses à apprendre. Et surtout, ils savent que la traduction est un travail d’interprétation du sens et que poser des questions fait partie intégrante du travail du traducteur.

Posez des questions à votre réviseur, à vos clients, à votre superviseur et à vos collègues, mais posez-vous surtout des questions à vous-mêmes – aussi bien sur le texte que sur vos processus – lorsque vous traduisez.

Posez des questions au texte source : le texte original est-il clair, avez-vous détecté des ambiguïtés ou des incohérences, pouvez-vous repérer des erreurs ou des ruptures logiques ?

D’après Xenia Schwaller, « ce qui distingue un bon traducteur, c’est qu’il pose systématiquement des questions sur le texte source » et qu’il fait preuve d’un « regard critique » sur le texte source. Autrement dit, ne vous contentez pas de transférer passivement chaque phrase d’une langue dans une autre, mais prêtez attention au fil logique, à l’enchaînement des idées et aux concepts abordés. C’est la première étape d’un processus qui vous permettra de produire un texte clair, exact, précis, adapté à l’objectif visé, et peut-être même d’améliorer le texte source. Le client ne pourra que vous en être reconnaissant.

Remettez en question vos méthodes de traduction et vos interprétations : suis-je sûr que mon interprétation est la seule possible, ou une autre interprétation est-elle envisageable dans ce contexte ? Mes choix sont-ils justifiés ou ai-je machinalement intégré la première solution qui se présentait à mon esprit ? Ce terme signifie-t-il vraiment ce que je crois qu’il signifie ou me suis-je laissé influencer par le texte source ?

Une fois ce travail de fond effectué, vous pouvez alors poser des questions à vos collègues, à votre réviseur, à votre employeur ou à votre client. Lorsque vous n’arrivez pas à dissiper vos doutes, lorsque vous ne savez pas comment gérer un problème que vous rencontrez dans une traduction ou lorsque vous doutez de votre interprétation, demandez l’avis de votre réviseur ou de vos collègues.

Vous montrez ainsi que vous êtes conscient de vos propres limites et que vous n’êtes pas tenté de dissimuler vos incertitudes, au risque d’introduire des erreurs. C’est un vrai gage de fiabilité. Les questions que vous posez sont également le témoin de votre esprit critique et de l’attention que vous portez aux détails.

Enfin, posez des questions sur le domaine de spécialité et la traduction en général : cherchez à en apprendre le plus possible sur le domaine dans lequel vous êtes amené à traduire et sur le processus de traduction dans l’entreprise ou l’organisation pour laquelle vous travaillez. N’ayez pas peur de poser des questions sur la gestion de projets, la phase d’édition, les outils d’aide à la traduction utilisés, etc. Vous mettez ainsi en avant votre ouverture d’esprit, votre envie d’apprendre et votre intérêt pour la profession choisie.

Laissez votre ego et votre timidité de côté et saisissez cette occasion de vous améliorer. Poser des questions, c’est apprendre.

Prenez des notes sur votre traduction et transmettez-les à votre réviseur

C’est sans doute l’attitude la moins répandue et la plus sous-estimée des trois, mais c’est aussi celle qui m’a permis de vraiment marquer ma différence par rapport à d’autres traducteurs, même plus expérimentés, d’établir une relation de confiance avec mes employeurs lors de mes différents stages et de continuer à collaborer avec eux par la suite en tant qu’indépendante.

Les notes ou commentaires que vous fournissez à votre réviseur peuvent porter sur divers aspects. Par exemple, notez les sources et les références sur lesquelles vous vous êtes fondé pour trouver les termes appropriés et comprendre les concepts, indiquez les raisons et les réflexions qui vous ont amené à opérer certains de vos choix de traduction ou soulignez les passages qui vous ont posé le plus de difficultés.

Pourquoi cette pratique apporte-t-elle une si grande valeur ajoutée à votre travail ?

Premièrement, en transmettant vos notes de recherche à votre réviseur, vous lui prouvez que vous êtes capable de mener des recherches approfondies et pertinentes pour trouver les informations nécessaires à l’exécution de votre traduction et que vous prêtez attention aux détails.

Deuxièmement, vous lui facilitez la tâche. Si vous lui fournissez toutes les sources et références sur lesquelles reposent vos choix terminologiques ou phraséologiques, votre réviseur n’aura pas besoin de refaire les recherches que vous avez menées et n’aura qu’à vérifier la fiabilité de vos références. C’est un gain de temps qui lui permettra de se concentrer prioritairement sur les passages les plus délicats.

Enfin, en mettant en avant vos réflexions sur vos choix de traduction, vous montrez que vous ne vous fiez pas uniquement à votre intuition ou que vous ne vous reposez pas sur des processus cognitifs automatiques lorsque vous traduisez, mais que vous évaluez les options qui s’offrent à vous et analysez vos choix. Vous mettez ainsi en avant votre esprit critique, une qualité cruciale, garante de fiabilité.

Si vous voulez en savoir plus sur les types de commentaires que vous pouvez envoyer à votre réviseur, comment noter des indications au fur et à mesure que vous traduisez et pourquoi cette pratique est si importante, j’ai écrit un article entier à ce sujet il y a quelques semaines, que je vous invite à lire.

Quelques autres pratiques utiles pour compléter votre carquois

Comme mentionné au début de cet article, j’ai également recueilli les avis de quelques collègues traducteurs sur les attitudes qu’ils aiment voir chez des stagiaires ou traducteurs en début de carrière. Même si je ne les ai pas incluses dans ma liste, ces pratiques, si vous les adoptez, ne pourront que contribuer à votre réussite.

  • La prise d’initiative
    Vous pouvez proposer à vos collègues ou à votre employeur d’effectuer des tâches supplémentaires qui ne font pas nécessairement partie de votre cahier des charges original. Par exemple, offrez de créer un glossaire, d’établir un système pour gérer et archiver les fichiers de vos collègues, rédigez un guide d’utilisation des outils informatiques, etc. Une attitude proactive est toujours bien vue, car elle témoigne de votre esprit d’équipe et de votre volonté à contribuer au succès de la société et de l’entreprise. Mais veillez à garder un bon équilibre entre proactivité et optimisation de votre apprentissage. Si vous souhaitez avant tout améliorer vos compétences de traduction, concentrez-vous sur celles-ci et ne vous laissez pas emporter ou déborder par d’innombrables tâches annexes ou d’assistance simplement pour renvoyer une image de bon coéquipier.
  • Une bonne culture générale, une curiosité marquée pour des sujets divers et variés et la capacité de se familiariser rapidement avec de nouveaux domaines et concepts
  • La capacité à se conformer aux normes, aux guides de styles et aux règles du client, de l’organisation ou de la société
  • Des compétences interpersonnelles et d’excellentes aptitudes relationnelles

Si vous adoptez ces attitudes et bonnes pratiques dès le départ, vous entamerez votre carrière de traducteur avec un avantage certain et serez capable d’établir rapidement une relation de confiance avec votre employeur, vos collègues et vos clients.

Et pour vous, quelles sont les attitudes ou pratiques qui ont le plus porté leurs fruits au début de votre carrière ?